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VI


Assis sur des escabeaux dont le bois était adouci d’un coussin, en une pièce aux murailles revêtues de boiseries de chêne, et qu’éclairaient d’étroites fenêtres en ogives, achevaient de déjeuner tout en devisant autour d’une table massive, messire de Boisjoly, dame Jacqueline et le chapelain du château, leur hôte ce matin.

La serve emportait, figeant dans une sauce grasse relevée d’ail, de fenouil, de poivre, d’hysope, de gingembre, les restes d’un oison flanqué de pigeonneaux farcis, et qu’entouraient des assiettes de raifort et de radis.

Dame Jacqueline offrit au gourmand chapelain des pâtisseries à la cannelle, des fruits cuits au miel, dont elle le savait friand.

Jolie sous ses cheveux bruns relevés en lourdes nattes, les yeux noirs brillants, la lèvre dédaigneuse, Jacqueline de Boisjoly portait un surcot de fine laine pourpre retissée de fils de soie brillante. Des manches larges, ourlées de fourrure, glissaient sur ses bras qu’encerclaient des bracelets d’argent ciselé.

Les mains croisées sur son ventre, quand il ne buvait ni ne mangeait, messire de Boisjoly avait revêtu sa ronde personne d’une houppelande

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