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LES JACQUES

couvé sous la cendre chaude et arrosé d’un gobelet de vin.

Frère Loys entrant interrompit les propos.

De son pas vif, il vint à Georget, déboucha la fiole d’étain qui ne le quittait pas, frotta de quelques gouttes dont le parfum d’aromates emplit la pièce les tempes battant la fièvre, et fit glisser un peu d’élixir à travers les lèvres desséchées.

— Bois, Georget, dit-il avec une douce fermeté.

Ce fut quasi magique. Le rose monta aux joues du malade, ses yeux se fixèrent encore égarés sur le visage du moine, puis un faible sourire détendit l’expression douloureuse de la figure convulsée.

— Bois.

D’un long trait goulu, Georget avala une gorgée qui le fit tousser.

Une fois calmé :

— Vous voici, frère Loys, comme je vous ai attendu !

Il posait sa main brûlante sur celle du moine.

— Je crois, dit frère Loys, que malgré mes remontrances, tu as beaucoup étudié.

— Un peu, rien qu’un peu.

Épuisé, Georget laissa retomber sa tête.

Frère Loys regardait avec tendresse le jeune visage où perlait à présent une sueur bienfaisante. Parmi les élèves rustiques auxquels, en ce temps d’ignorance, le moine distribuait quelques rudiments scholastiques, Georget s’était montré d’une intelligence éveillée et curieuse. Frère Loys lui

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