Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/52

Cette page n’a pas encore été corrigée
LES JACQUES

Qui t’a dit que ce n’était pas au mien que je revenais ? Frère Loys demeura interdit un instant, puis habitué, par ces heures de troubles, à maintes aventures étonnantes : Tant mieux que la Providence t’y ait amené sans trop de dommages. Elle aurait mieux agi peut-être, en ne m’en chassant pas. Frère Loys fit un geste qui acquiesçait vaguement. L’Angelet s’agitait, impatient. Frère, dit-il à la fin, s’adressant à Rouge Le Bâtard, tu m’avais promis de m’expliquer. — Je comprends ta hâte, L’Agnelet. Tu sauras ce qu’il faut savoir quand le moment sera venu, mais je puis te conter une histoire. Ecoute-la, moine, tu me diras après si c’est ainsi que tu conçois la douce Providence. « Il y a trente ans, le château de Coucy appartenait à Bertrand de Coucy, le père de la nichée actuelle et fils d’Enguerrand V. Point d’hommes libres encore autour des murailles de la demeure maudite. Les caprices du plus sauvage des maîtres remplissaient la contrée de terreur. On ne connaissait pas de jour où quelque invention digne du diable ne vint jeter l’effroi parmi les pauvres serfs, toujours tremblants d’un nouveau crime. Tu te souviens, Frappe-Fort, qu’alors le curé avait baptisé Daniel ? Hélas ! gémit le forgeron. - 50

— 50 —