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III


Lorsqu’en 1340, dans l’armée de Philippe VI de Valois qui soutenait, depuis deux années, le choc des mercenaires d’Édouard III d’Angleterre, l’idée vint à deux soldats de ravitailler en pain leurs compagnons d’armes, le surnom leur resta de la fonction qu’ils avaient assumée. L’un devint Jean Pain, son compagnon Painembouche.

Ce fut d’aventures semblables que naquirent la plupart des noms de famille. Jusque-là, Jacques Bonhomme ne possédait que son acte de baptême. Certains de ses fils demeurés sans histoire n’eurent jamais d’autre patronyme que le prénom inscrit sur le registre du curé. Tel aujourd’hui s’appelant Ferrand, Benoit ou Hamon, peut supposer avec raison que son lointain aïeul était un obscur laboureur dont peu d’événements marquèrent le destin, qu’il ne se distingua même pas par une teinte de cheveux, qui l’eut fait appeler Blondel, Roux, Blanchard, Halley. De plus favorisés gardèrent souvenir de leur mois de naissance, Dumay, Janvier ou Pâquet. D’un serment prononcé en quelque circonstance sérieuse, naquirent Pardieu, Bonnefoy, Dieuavant, tandis que des causes familières amenaient : Apelvoisin, Eveillechien, que la tristesse donnait Tristan, et

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