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LES JACQUES

rois mages, quérir son cheval, sa guenon, son léger attirail de bateleur, et quitta la ville. C’était le 19 mai. Il se passa, près de Beauvais, un événement qui eut dans l’histoire une répercussion violente. Les habitants de Saint-Leu de Cherunt, du diocèse de Beauvais, partageaient le triste destin des paysans. Qu’ils fussent de l’Ile-de-France ou du Beauvaisis, du Laonnais ou du Gâtinais, partout, ils souffraient oppression et pillages, harcelés des hordes batailleuses éparpillées qui, autant que les graves défaites, furent pour le royaume de France, durant la guerre de Cent ans, une plaie sans cesse envenimée. Les pillards dont elles étaient composées se déclaraient chez eux, en leur chambre, disaientils, et nul ne défendait Jacques Bonhomme contre leurs excès. Jean le Bon demeurait prisonnier, la régence se disputait entre le dauphin Charles et Charles le Mauvais. Devançant son époque, ardent d’idées généreuses, mais soucieux d’un appui et pour cela hésitant entre les deux Charles, Etienne Marcel manquait d’audace. Sans armes, par défense d’être armé, le Bonhomme Jacques murmurait contre le seigneur qui n’osait le délivrer des grandes compagnies. Enhardies de cette faiblesse, elles redoublaient de violence, leurs chefs devenus de vrais monarques de puissance et somptuosité. Tel Robert Knowes ayant maison princière. Tel l’Archiprêtre qui dévastant la Provence, fut attiré en Avignon au su des fortunes -146 -

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