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LES JACQUES

dans le beau crépuscule avant de rentrer prudemment en leur logis à la voix du couvre-feu qui conviait à se barricader chez eux, les honnêtes gens et les malandrins à sortir. Au son de la clochette, qu’agitait un enfant de chœur, un prêtre passait, portant les saintes huiles au chevet de quelque moribond. Philippe de Haume et ses élèves cheminaient lentement vers la cathédrale, s’égayant souvent d’un passant rencontré. Terminée de la veille, la haute statue de l’ange, avait été hissée quelques mètres au-dessous de l’étroit piédestal d’où elle devait dominer la cité. Quand il fut parvenu auprès, Philippe de Haume se dégagea de sa veste, et grimpa lestement les échelons qui menaient au socle qu’occuperait l’ange. De cette assise, il contempla un instant à ses pieds l’agglomération des maisons cossues et des pauvres cabanes, les chapelles élancées, éparses autour de lui, puis la campagne sur laquelle traînait le manteau pourpre du ciel. Une fierté joyeuse gonflait sa poitrine. La dernière flambée du soleil l’enveloppait de tant de gloire et de beauté que ses élèves le considéraient, émus. En un geste d’orgueil, Philippe de Haume enleva son bonnet qu’une plume de bécasse paraît. — Ici, s’écria-t-il, sera consacrée la renommée de Philippe de Haume, le tailleur de pierres. Ici, il mettra le sceau de sa maîtrise à l’envolée des - 134

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