Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée
LES JACQUES

L’assemblée était debout. Les faces brillaient d’énergie. Des acclamations saluèrent le nom d’Etienne Marcel et beaucoup pleuraient. — Frères, reprit Conrad, en ce moment, au gibet de Coucy, qui n’avait plus de pendus, trois des vôtres sont la proie des corbeaux qui n’ont fait que déplaire à Enguerrand VI. Et le jeune faucon qui se nommera Enguerrand VII promet d’égaler, de surpasser peut-être, la dureté paternelle. <Nos campagnes se voient dévastées comme rasées par le feu et messire de Boisjoly, ce valet gonflé d’insolences, siège au tribunal du bailli où l’on condamne et dépouille sans répit. Un vent de terreur souffle. Frères, vous sentez-vous prêts, en foi sincère en vaillance, à répéter le serment de notre roi Karle ? << Honni soit celui par qui il y aura retard que tous les gentilshommes ne soient détruits. » > Telle une flamme embrasant les taillis, l’émotion soulevait la salle. A la voix de Conrad, les doutes s’envolaient, l’humiliante résignation se voyait balayer au vent des révoltes farouches. Pour la première fois, sentant qu’ils étaient hommes ainsi qu’eux, les Jacques allaient répondre, d’une clameur de colère, au long gémissement de leur crucifiement. L’aube pointait quand ils s’égrenèrent dans la campagne, à pas furtifs. Longtemps après qu’ils furent dispersés, Conrad s’attardait à rêver. Il allait partir, retournant vers Laon, quand un - 130 -

— 130 —