Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/130

Cette page n’a pas encore été corrigée
LES JACQUES

d’une vie qui aura tout renié de l’humilité chrétienne. Ce Franciscain que le diable étouffe n’a, par grand malheur, que trop raison. Effondré sur sa chaise, muet à présent, l’abbé Denis contemplait l’abbé Jérôme dont la haute silhouette noire, se répétant sur le mur, semblait grandir, démesurément, l’aspect terrifiant d’un démon exterminateur. L’ombre de cette nuit s’éclairait d’une pâle lueur laiteuse lorsque Conrad parvint à l’entrée de la carrière où se tenait l’assemblée et près de laquelle il avait, sans mot dire, écouté les paroles de Rouge Le Bâtard répondant au laboureur de Saint-Paul-aux-Bois. Quand il jugea le moment propice, ce fut alors qu’il intervi t. Tous s’étaient tournés vers lui. — Frères, dit-il d’une voix contenue mais vibrante, le temps est venu de regarder en face, ceux vers qui vous n’avez jamais osé lever les yeux. Je viens à vous envoyé par notre roi Karle, par notre aimé Guillaume Lalouette, qu’assiste Le Grand Ferré, tous prêts à souffrir mille morts plutôt que de vous abandonner. Mais êtes-vous prêts ? Vous sentez-vous des âmes d’hommes ou de bêtes de somme ? Est-ce avec courage ou vile trahison que vous avez prêté le serment ? Répondez, frères. La nuit fut longue et l’aube vient. Trouvera-t-elle prêt à se courber docilement sous le fouet celui qu’avec amère raillerie ils ont baptisé Jacques Bonhomme ? - 128 -

— 128 —