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LES JACQUES

dame Adeline brodait, si vous nous égayiez de quelque air doucelet ainsi que vous. Alyse se leva et prenant une citare qui reposait sur un meuble commença de chanter un de ces airs d’une tendresse naïve où elle excellait. Tous se taisaient et Philippe de Haume, prenant un crayon, esquissa sur une feuille de vélin le gracieux profil d’Alyse penchée sur l’instrument. Ne dirait-on point sainte Cécile ? dit Philippe de Haume à frère Loys. Ces mots rappelèrent soudain au moine le souvenir de Georget. A voix basse, il commença d’en parler à l’artiste, mais peu à peu haussa le ton sans s’en apercevoir. Alyse ne jouait plus qu’il ne s’en doutait pas. Tous écoutaient, la jeune fille plus ardemment encore, le teint animé, les yeux brillants. — Une flamme, terminait le moine, et qui s’éteindra comme cendre grise, s’il ne se trouve point quelqu’un pour veiller sur elle. — Le sauver certes, c’est tâche qui me tente, répondit Philippe de Haume, amenez-moi votre Georget, nous en ferons quelqu’un. Alyse tourna vers son père un visage brillant de bonheur. Et quand vint l’heure de se séparer, se saisissant de la feuille que négligeait Philippe, elle la tendit à frère Loys. Vous la donnerez à Georget afin qu’il ne pleure plus la sainte Cécile que le méchant intendant lui a pris. — 119 -

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