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Souventes fois, maître Nicole Flamand, professeur ès belles-lettres et philosophie, dont ses élèves tenaient l’enseignement en grand honneur, réunissait le soir quelques amis, tous habitants comme lui de la bonne ville de Laon.

Si l’estime et l’affection entouraient maître Nicole Flamand, dans un âge dont la verte maturité promettait encore une belle carrière, ce n’était point qu’on ne le soupçonnât de quelque teinte d’hérésie. Certains de ses cours avaient été hautement discutés et l’évêque n’était point sans s’inquiéter de propos qui lui étaient revenus aux oreilles. L’époque d’ailleurs bouillonnait de controverses théologiques qui allaient préparer la Réforme d’où devaient jaillir, sous l’influence d’un fanatisme combatif, les horreurs des guerres entre huguenots et papistes.

Nul ne contredisait à saluer en maître Nicole une fière et noble nature. Son grand-père s’était affirmé un des artisans les plus sincères et désintéressés de la révolte communale. Le petit-fils renouvelait la vie de l’aïeul par une existence qu’embellissaient l’étude et la générosité. Beaucoup plus qu’il ne se savait, maître Nicole se tenait au courant des sévices qu’enduraient les Jacques.

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