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LES JACQUES

LES JACQUES Je me suis racheté. Ton père n’était-il point un serf ? — Il le fut. Tu ne te sens donc point la force de forcer les liens qui te ligotent encore ? N’as-tu pas assez souffert pour cela ? D’ailleurs, quand sera de retour notre roy de France qu’ils abandonnèrent lâchement au champ de bataille de Poitiers, alors que la racaille se faisait tailler en pièces, notre souverain aidera ses sujets contre une noblesse qui ne sait combattre que dans les tournois. Ouais ! Peut-être, mais d’ici là, nous en arriverons à nous manger l’un l’autre, comme ont fait, dit-on, ceux de la grande famine. — Frère, as-tu prêté le serment ? interrompit Frappe-Fort. — Je l’ai prêté, mais il faudra que chacun le tienne. — C’est vérité, opina un autre qui n’avait encore ouvert la bouche. -Oh ! Guillaume, dit Georget, comme ils ont crainte et lâcheté. Parle-leur, Guillaume. -Las mon Georget, que leur dirais-je de mieux ? — Si j’avais plus de hardiesse, je saurais. moi, leur jeter les mots qui leur causeraient honte et remords. Ecoute, Georget, Rouge Le Bâtard. — Vous tous, disait le soldat, traités plus mal que leurs chiens, ne vous sentez-vous pas être vils à toujours lécher la main qui vous frappe ? Etes- - 100

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