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Sensations de Nouvelle-France

Et tout cela vient de sourdre du noir de la nuit, grandit un instant, puis défile et disparaît, fantômes de mon imagination ; bien fantômes, à la vérité, puisque le double poids de l’oubli et du temps est maintenant inexorablement retombé par-dessus tous ces preux d’un autre âge, et que leurs exemples ne semblent avoir laissé aucunes traces chez leurs descendants d’aujourd’hui. Oh ! oui, finie pour de bon, j’en ai bien peur, l’épopée de la Nouvelle-France, tout ce long drame fait de gloires, de larmes et de sang, et qui si longtemps, quoi qu’on en dise, nous a tenus aux entrailles, nous les Français de la vieille France. Place à l’anglo-américanisme triomphant, et malédiction sur nous !

Et pourtant, non, cela ne se peut pas. Il ne se peut, vraiment, quand j’y songe, qu’au moins quelques sursauts d’ardeur gallique ne viennent encore faire courir un frisson d’enthousiasme — de chauvinisme, pour tout dire — à travers ce peuple canadien-français, dont un si grand nombre, ici, sont présentement en train de désespérer. Il ne se peut tout-à-fait, non plus, qu’on méconnaisse ici les enseignements de l’histoire,