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Sensations de Nouvelle-France

l’illustration du fameux Harpers Monthly, lorsque, au tournant d’une page, deux gravures m’intéressèrent soudain vivement. Ces deux dessins ont figuré il y a une dizaine d’années, je crois, dans un assez long travail intitulé Les Découvreurs d’Amérique, et l’un représente Jacques Cartier atterrissant pour la première fois sur la pointe de Gaspé, tandis que l’autre met en scène le débarquement, sur la plage de Plymouth, des Puritains du Massachusetts.

Ces deux sujets ont été traités avec un réel talent, et ce qui en double encore, selon moi, le mérite, c’est qu’on voit très bien que leur auteur n’a aucunement voulu indiquer une juxtaposition de contrastes. Il a fait et agi selon ce qu’il sentait être vrai et naturel, voilà tout.

Et pourtant ces contrastes sont frappants, je dirais même criants. Dans le premier dessin, le découvreur Malouin, debout, tête nue, devant la croix que ses compagnons viennent de dresser, tient d’une main le drapeau fleurdelysé, et de l’autre son épée. Ses yeux, levés dans une prière ardente, contiennent dans leurs orbes tout un monde de promesses et de remerciements. Autour de lui s’agitent ses hommes d’armes, compagnons de périls et de gloires. Les épées, sorties des fourreaux, frémissent dans les mains