Page:Clapin - Sensations de Nouvelle-France, 1895.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
Sensations de Nouvelle-France

c’est en cela que réside tout le pourquoi des développements qui vont suivre. En effet, la foi anglo-saxonne seule, et si vive qu’on la suppose, fût restée ici impuissante à amener pareil déploiement de ferveur religieuse, car ces pompes extérieures sont surtout le propre des tempéraments de races latines, faits de mysticisme enfantin et d’esthétique quelque peu théâtrale. Les manœuvres anglais, travaillant à réparer le pont du chemin de fer, devaient certes admettre, eux aussi, la nécessité d’une intervention supérieure dans les choses humaines. Seulement, d’autre part, ils n’avaient garde d’oublier le précepte si connu : « Aide-toi, le ciel t’aidera. » Et alors, en avant la tâche ardue de combattre coûte que coûte, tout d’abord, les forces déchaînées de la débâcle, quitte à remercier Dieu, ensuite, de sa protection.

On a eu tort de ne voir en tout cela, dans le temps, que matière à quelques faits-divers de journaux, car je doute qu’il se soit jamais ici présenté semblable occasion de mieux saisir sur le vif les deux antithèses qui se disputent l’hégémonie de ce coin septentrional d’Amérique : d’un côté la civilisation latine, représentée par le groupe canadien-français, et de l’autre l’anglo-américanisme qui, après avoir tout mangé plus au sud, frappe maintenant à coups précipités