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Sensations de Nouvelle-France

« Je vous ai déjà glissé un mot de la catastrophe de St-Alban, au printemps dernier, et de la belle cérémonie religieuse que notre évêque avait alors présidée. Creusez ce fait-divers, et plongez là-dedans au plus profond possible, en apportant à cet examen toute votre pénétration d’artiste, et tous vos procédés de dissection littéraire. La chose en vaut surtout la peine pour vous, qui avez si peu de temps à consacrer à votre voyage, car vous trouverez là, amassés en un tout bien concret, les éléments nécessaires pour vous aider à prendre une première vue d’ensemble des dessous de cet étrange pays. Je dis « une première vue », car je garde l’espoir que, puisqu’il vous faut repartir, vous nous reviendrez avant peu, et cette fois-là, pour un long séjour. Ah ! le beau livre, que je ne puis que sentir vaguement, et que je ferais alors si j’étais à votre place. »

Et sur ce, nous nous quittâmes définitivement.

Toutes ces choses me reviennent en ce moment de la nuit, où, accoudé sur le boulevard qui longe le fleuve, je cherche à mettre un peu d’ordre dans ma pensée. Le ciel, lavé par la pluie