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Sensations de Nouvelle-France

l’éducation qu’il faut remonter pour porter le fer dans la plaie.

Je recevais hier, de tout cela, une impression très nette et très vive, et par un hasard bien inattendu. J’errais hier après-midi dans une rue retirée, mais fort belle et bordée de résidences somptueuses, lorsque soudain, à ma droite, des cris joyeux attirèrent forcément mes regards sur un groupe de jeunes gens courant, se culbutant dans un immense parc, et se disputant avec acharnement la possession d’un ballon en caoutchouc, qui voletait de ci de là sous l’effort de poussées vigoureuses de pieds et de mains. Je ne fus pas long à deviner que j’assistais alors à une partie de ce foot ball si cher aux universités anglaises. Les jouteurs étaient tous des jeunes gars, à peine entrés dans l’adolescence, mais témoignant d’une telle intensité de vie, d’une telle turbulence de belle et saine jeunesse, que, malgré lui, le passant le plus indifférent devait s’arrêter et les regarder avec un plaisir attendri. J’appris par la suite que c’étaient là des élèves de l’Université McGill, qui prenaient leur récréation habituelle de chaque après-dîner.