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jurées ; il dit le Coup d’État, toutes les turpitudes et tous les industriels de 1851 : Fialin, Canrobert, Sibour, Saint-Arnaud, Maupas, Troplong, Morny, les commissions mixtes, les fusillades, les pontons, les transportations, la longue orgie impériale, hoquetant à l’Élysée et vomissant aux Tuileries, où les sabretaches teintes du sang populaire, à flots répandu sur le boulevard Montmartre et ailleurs, s’essuyaient aux somptueuses traînes de velours et de soie ; il dit toute la bacchanale menée par cet estafier que les empereurs comme les rois traitaient de cousin et ses valets de sire ; il dit la fin de ce somnambule couronné qui nous valut le démembrement peut-être irrémédiable de la patrie et la mort ou l’exil de tant de braves ; il dit les factieux qu’on aurait encore à vaincre en dépit de la Loyale-Épée, hésitant entre Henri V et d’Aumale, il dit les griefs de Paris et la réhabilitation due à la capitale décapitalisée, ainsi qu’à ses défenseurs languissant à 2000 lieues de leurs proches ; il dit les hypocrisies et les enlacements du papisme pendant la période contemporaine ; il dit tout, et telle fut sa dernière parole :

— Ici jurons, démocrates élus de France, de ne pas nous séparer avant d’avoir à jamais institué la République !