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C’est cette même lettre que l’assassin me montra pour établir, avant le crime, son innocence. Pendant que nous veillions derrière les portes, M. Bulck profita du sommeil de sa femme pour la poignarder. Un cri d’angoisse était poussé ; nous entrâmes. Je comptais trouver sur le poignard l’empreinte des doigts de l’assassin. Mais l’arme ne gardait aucune trace : l’assassin l’avait d’abord saisie par la lame, puis, avant d’en frapper sa victime, il avait enveloppé le manche dans le drap de lit.

— Mais, fit le juge d’instruction, pourquoi ne fîtes-vous pas arrêter le coupable cette nuit-là ?

— Je voulais pousser mon adversaire jusqu’à son dernier retranchement : je voulais le forcer à mettre à exécution la seconde menace de sa lettre : la menace de mort dirigée contre lui. Je dois avouer que le meurtrier s’en tira avec un réel brio. Cette fois, nous avions décidé, mon ami Darcy et moi, de nous tenir dans la chambre du crime. M. Bulck se rendit tout de suite compte de la difficulté qu’il y aurait pour lui de se porter, sous nos regards, un coup de poignard, d’autant plus que nous avions minutieusement inspecté la chambre et que nous avions examiné le lit pour voir si une arme n’y était point cachée. Avant de se coucher, M. Bulck se retira dans son cabinet de toilette pour se déshabiller. C’est là qu’il se porta, à travers sa chemise, un coup de poignard. Il arrêta l’écoulement du sang au moyen d’une emplâtre dont je n’ai pu analyser la composition. Voilà comment, après avoir adroitement caché son poignard dans son cabinet de toilette, M. Bulck se coucha et parut s’endormir. Il profita d’un moment