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Quelques jours après, le détective s’installait dans la place menacée. Il doutait que le magnétiseur vînt au rendez-vous qu’il avait assigné à Lelong. Il y vint et vit le jeune homme. Que lui dit-il ? C’est facile à deviner. L’arrivée du détective déjouait ses plans : il ordonna à Lelong de s’installer dans un hôtel de Rouen et d’attendre. Le lendemain, la police, en relevant la liste des étrangers descendus dans la ville, trouva le nom d’Albert Lelong et garda celui-ci à vue.

Et Sagan reprit son récit au moment où le magnétiseur, ayant pris une auto, cherchait à dépister ses poursuivants. Il donne des ordres contradictoires au conducteur. S’il entre dans un hôtel, il est rejoint ; s’il s’engage dans la campagne, une panne peut le perdre. Ici encore, son audace se révèle : il rentre rue Mauge et là, il pourra jeter le masque et se montrer sous une autre figure. Toutefois, son adresse entre en jeu : il n’entre pas chez lui. Mais il possède — Sagan s’en est assuré dans la suite — dans la maison voisine une garçonnière où il reçoit sa maîtresse, la nuit. Pour éloigner les soupçons, il prend le chemin des toits. S’il est aperçu un jour, un valet de chambre sera accusé et on ne verra là qu’une idylle de mansarde.

C’est par le toit que, en plein jour, il regagne le chemin de son logis. Rapidement, il se dévêt et cache son déguisement dans une malle rouge dont lui seul connaît le secret, et il redescend au salon où sa femme, qui le croyait dans son cabinet de travail, l’attend.