Page:Cléri - Le secret de la malle rouge, 1915.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

À la même heure où il prétendait avoir assailli Miss Law en compagnie de ses deux complices, — naturellement introuvables, — la patronne d’un restaurant l’avait vu attablé dans sa maison.

« Le prévenu avait beau discuter et contredire ce témoignage avec une présence d’esprit merveilleuse ; d’autres témoins encore établissaient en sa faveur l’authenticité de cet alibi dont il ne voulait pas.

« Il était faux également qu’Albert Lelong se fût réfugié à Bruxelles ; il avait simplement fait un petit voyage en Suisse. Mais lui, d’un bout à l’autre du procès, on n’imagine pas le soin passionné qu’il apportait à guetter, pour tâcher de les réfuter, tous les arguments capables de servir ses intérêts en démontrant qu’il n’avait pu prendre part au crime.

« Jamais peut-être habitués de Cour d’assises n’ont assisté à une lutte plus ardente ni en même temps plus serré. Et quelle étrange lutte, en vérité, où l’accusé déployait des prodiges d’intelligence et de zèle pour obtenir des jurés qu’ils consentissent à le croire coupable ! Sans compter que, deux ou trois fois, des témoins se sont trouvés qui, par une singulière contagion de folie, venaient appuyer la thèse d’Albert Lelong : les uns affirmant l’avoir vu dans le bois à l’heure du crime avec deux compagnons pareils à ceux qu’il décrivait, d’autres se vantant de l’avoir entendu leur faire l’aveu de sa faute, tandis que d’autres encore assuraient l’avoir rencontré à Bruxelles, où ni lui ni eux-mêmes n’étaient jamais allés !