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C’était là autant de points d’interrogation qui ne faisaient qu’assombrir le mystère. C’est ce que le détective Sagan expliqua au cours de l’instruction. Inutile de dire que M. Bulck fut arrêté la nuit même où se passèrent les faits que je viens de raconter. Mais l’assassin nia d’abord tous les crimes qu’il avait commis. Dès lors, ce fut entre lui et Sagan un nouveau duel, dans lequel, pour faire jaillir la vérité, le détective acculait son adversaire dans ses derniers retranchements et, par sa logique serrée et ses déductions, mettait le meurtrier dans l’impossibilité de nier sa culpabilité.

Il y eut dans le cabinet du juge d’instruction des scènes émouvantes au cours desquelles Sagan expliqua, d’une façon inattendue, tous les mystères qui planaient sur cette étrange affaire.

Sagan refit l’historique du crime.

— La vie de chaque homme, dit-il d’abord en substance, pourrait être comparée à une tapisserie, dont nous ne voyons habituellement que l’endroit. Nous en contemplons la trame, le dessin, les couleurs, et nous ne voyons pas au delà.

La mission du détective ou du policier est de voir l’envers de cette tapisserie, d’en étudier le travail et d’établir de quelle façon il fut commencé et terminé. C’est ce que j’ai fait dans l’affaire qui nous occupe.

Un crime mystérieux avait été commis à Evan. La jeune Anglaise Mary Law avait été tuée, Albert Lelong prétendait être l’assassin. Je tenais donc un premier fil de la trame : il fallait, le suivre patiemment. Je partis donc pour Evan. Je pris sur Albert Lelong tous les renseignements utiles ; je