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ne peut pas faire autrement, parce qu’il se sent menacé, parce qu’il sait que si Albert Lelong parle demain, il est perdu. En conséquence, il faut qu’il tue, cette nuit-ci, l’homme qui, demain, l’accuserait et fournirait la preuve de sa culpabilité. Dès qu’il aura pénétré dans la chambre et avant que vous n’ayez distingué une forme noire armée d’un poignard — car il employera le poignard — j’aurai lancé un coup de sifflet. Vous ferez la lumière, comme je vous l’ai dit et vous verrez enfin l’homme mystérieux démasqué.

Je promis à mon ami de suivre ses instructions à la lettre. Je retirai mes bottines et, à pas de loup, je le suivis. Avec d’infinies précautions, il ouvrit la porte, il écouta encore sur le palier et me fit signe de le suivre. Comme deux ombres errantes, nous nous engageâmes sans bruit dans le corridor et gravîmes l’escalier.

Nous arrivâmes au second étage.

Sagan m’attira devant une porte. Il tira de sa poche un petit instrument qu’il introduisit dans le trou de la serrure. J’attendis une minute. Je vis enfin la porte s’ouvrir sans bruit sous les doigts de mon ami. J’entrai derrière lui dans la chambre. Il referma la porte si adroitement que je n’entendis pas le moindre grincement. Puis, me prenant par la main, il m’attira le long des murs et m’indiqua ma place derrière une tenture, à gauche du lit. Prenant alors ma main dans la sienne, il me fit sentir le commutateur électrique. Puis il disparut, ombre dans l’ombre, si mystérieusement que je n’aurais pu dire où il se cachait.