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pourra nous échapper, murmurai-je à l’oreille de mon ami.

Sagan acquiesça muettement de la tête et parut se replonger dans ses réflexions.

Tout à coup, minuit sonna dans le calme de la nuit.

— L’instant mortel approche, pensai-je en réprimant un instinctif mouvement de peur. Je portai un regard vers le revolver que je tenais à la main. Doucement, je fis pivoter ma chaise de façon à me placer près de mon ami et à voir la face de notre hôte, qui donnait paisiblement.

Une demi-heure s’écoula ainsi.

Le silence n’était troublé que par le tic-tac monotone d’une pendule et, par instants, par les plaintes du vent qui soufflait en tempête. Le ciel était, cette nuit-là, couvert de lourds nuages qui voilaient la clarté de la lune.

Tout à coup, j’entendis un frôlement dans la chambre et il me sembla voir passer une ombre vaporeuse, à peine visible. Je me retournai vivement : une fenêtre était entr’ouverte et le vent, en s’engouffrant dans la chambre, avait soulevé un rideau et produit le frôlement qui avait attiré mon attention. La forme mystérieuse que j’avais cru voir flotter avait la même origine : le rideau en bougeant devant une lampe électrique avait suscité une ombre mobile. Et je réfléchis que les événements qui semblent parfois extraordinaires peuvent provenir d’un fait absolument naturel et fort simple.

Je reportai à nouveau mes regards vers M. Bulck qui dormait toujours. Le vent s’élevait et un roulement de tonnerre loin-