M. et Mme Bulck s’empressèrent de manifester leur joie.
— Vous entrez tout à fait dans nos vues, dit M. Bulck. Déjà j’avais prévenu le préfet de police et notre maison était étroitement surveillée ; sous votre égide, nous n’aurons plus rien à craindre.
Sagan s’inclina.
Ainsi fut fait. Deux chambres furent mises à notre disposition et nous nous y installâmes le jour même. Mon ami employa la journée du lendemain à inspecter complètement la maison de notre hôte. Armé d’un mètre, il refit tout le plan de l’habitation, faisant des calculs précis, qui lui permirent d’établir qu’aucune cachette ne pût permettre à l’ennemi mystérieux de se cacher dans la place.
Il « ausculta » les murs, les faisant « sonner » afin de constater qu’aucun passage secret ne permettait de communiquer avec les immeubles voisins.
Dès lors, il me déclara qu’il connaissait la maison comme s’il l’avait construite lui-même, brique par brique. Il n’y avait ni placard, ni cachette, ni passage secret.
Il observa enfin la domesticité, qui se composait d’un valet, d’une femme de chambre et d’une cuisinière.
— Maintenant, me déclara-t-il, je connais à fond mon champ d’action. Nous pouvons attendre l’ennemi d’un pied ferme.
Enfin, le samedi arriva.
— C’est le grand jour, me dit mon ami. C’est aujourd’hui, en effet, à une heure, que le jeune Albert Lelong doit attendre l’homme mystérieux, notre assassin présumé, à la gare de Rouen.