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— Oui, vous êtes curieux, je le vois, de savoir ce que j’ai fait, où j’en suis. Voici : depuis mon arrivée à Evan, je suis parvenu à m’introduire, grâce à des recommandations mondaines, dans certaines familles de la ville. Je suis même devenu l’ami du jeune Albert Lelong : je suis reçu chez lui.

— Voilà un pas sérieux.

— En effet.

— Votre impression ?

Comme le disait le journal, Albert Lelong est un jeune homme d’excellente famille. C’est une nature sentimentale, romanesque et… faible. J’ai acquis sur lui un certain ascendant. Je l’ai questionné adroitement, je l’ai sondé, je l’ai retourné. Rien ! Je n’ai rien découvert. Il y a là un mystère tout à fait extraordinaire, c’est le mot. Albert Lelong m’a fait le récit de son crime comme il est décrit dans l’article que vous avez lu. C’est tout, je n’ai rien pu en tirer davantage.

— Vous avez un espoir cependant ?

— Oui, je n’attends plus rien de ce que Lelong pourrait ou saurait me dire ; j’attends beaucoup de ce qu’il ne sait pas me dire.

— Je ne comprends pas.

— Vous comprendrez plus tard. J’ai observé Lelong au grand jour, je n’ai plus rien à apprendre de ce côté : le personnage m’est connu comme si je l’avais fait. Désormais, nous devons l’observer à la dérobée, alors que lui-même s’ignore ; nous devons l’analyser comme si ce personnage avait été modifié par un autre.