Page:Cléri - Le secret de la malle rouge, 1915.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

connus de mes intimes seulement, du genre de vie que je menais à Paris, des événements qui m’avaient le plus frappé au cours des dernières années.

Je cherchais vainement à me souvenir, à me rappeler les traits du personnage… Impossible ! Je cherchais en vain. Et l’inconnu parlait avec une telle volubilité qu’il m’était impossible de placer un mot.

— Décidément, pensai-je, tout est mystérieux à Evan. Quel est donc cet importun qui semble vouloir se cramponner à mon humble personne ?…

Et tout de suite j’échafaudais une infinité d’hypothèses tragiques. À qui avais-je affaire ? Comment mon ami n’était-il pas venu m’attendre au train du matin, le seul que j’eusse pu prendre après avoir reçu sa dépêche. Et, au fait, cette dépêche était-elle bien de lui ? Où était Sagan ? Je voulais me hâter ; l’inconnu, tout en devisant, m’avait pris familièrement par le bras et entravait ma marche, semblant vouloir la ralentir.

Un éclair traversa mon esprit : qui sait si un malheur n’était pas arrivé à Sagan et si je n’étais pas tombé dans les griffes d’un audacieux aventurier qui s’attachait à moi dans un dessein obscur.

Cette idée m’exaspéra ; soudain, je me dégageai des étreintes de l’importun et, le toisant :

— Mais enfin, Monsieur, m’écriai-je sur un ton aigre-doux, voudriez-vous me dire à qui j’ai l’honneur de parler ?…

— Avec plaisir, me répondit mon inter-