où le « Chasseur Rouge » traînait ses victimes, disait-on, après les avoir tuées.
Maîtrisant sa frayeur, Judith Mauvin s’était décidée à se mettre au lit, lorsque, pour la troisième fois, le cri lugubre retentit dans la nuit. Au même instant, il lui sembla qu’on heurtait légèrement sa porte ; elle crut percevoir derrière la cloison de bois le frolement d’un corps. Puis ce fut le bruit presque imperceptible du plancher qui craque…
Quelqu’un était là, derrière la porte. Mais qui ? Les domestiques dormaient dans une autre aile du château. Était-ce son père ou sa mère ?… Non, ceux-ci l’eussent appelée.
Qui était-ce alors ?
Son imagination évoquait le « Chasseur Rouge » vêtu de son justaucorps sanglant, serrant dans son poing le couteau de chasse avec lequel il poignardait ses femmes.
Affolée, la jeune femme cria ;
— Qui est là ?…
Aucune voix ne lui répondit.
Elle se pencha vers la serrure, dans l’espoir d’apercevoir l’être mystérieux qui se cachait derrière la porte, et soudain sa terreur grandit encore : dans le trou de la serrure elle crut distinguer un œil brillant qui l’observait.
— Qui est là ? répéta-t-elle. Est-ce vous mon père ?…
Même silence.
Plus morte que vive, la jeune femme alla se blottir dans un fauteuil de la chambre. Elle attendit là, claquant des dents, ne sachant quel parti prendre. Il lui suffisait d’ouvrir la porte, de traverser le couloir et d’appeler ses parents. Mais l’être mystérieux qui se cachait là pouvait bondir sur elle et la frapper dans l’ombre. Et puis que verrait-elle ? Un vivant ou un spectre ?…