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chouette ou corbeau. » Mais à nouveau le cri se répéta plus près du château et Judith, en portant le regard vers l’endroit d’où il sortait, crut voir une ombre furtive glisser dans les taillis.

Était-ce un homme, une bête ?…

Elle chercha à s’en assurer, mais l’ombre avait disparu et ne reparut plus.

Une frayeur instinctive la gagna. Elle se souvenait que, la nuit où sa sœur avait été assassinée, les serviteurs du château avaient entendu retentir dans la nuit ce cri lugubre. Or ces affirmations corroboraient la version de la légende qui prétendait que ce hululement funèbre était l’appel que le « Chasseur Rouge » lançait à la Mort, sa compagne.

On dit que les chiens hurlent quand ils sentent l’approche de la Sombre Faucheuse. De même, affirmait-on, ce cri était un avertissement, avant-coureur d’un danger caché.

D’une main tremblante Judith Mauvin referma la fenêtre et baissa le store. Voulant chasser ses terreurs, elle résolut de faire de la lumière. Mais elle était entrée dans sa chambre avec une bougie allumée et l’avait éteinte avant de se pencher à la fenêtre. Or, elle avait négligé de se munir d’allumettes. Elle hésita un moment sur le parti à prendre : éveiller ses parents et leur faire part de ses craintes ?… Ne riraient-ils pas d’elle ?…

Et puis, maintenant, qu’elle était sans luminaire, elle craignait d’ouvrir sa porte et de traverser le long corridor ténébreux et humide