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stitieux paysans et surtout ô providentielle coïncidence ! Casboul, l’idiot, le fils naturel de sa meurtrière !

Mlle Levroie n’éprouvait pour M. Mauvin qu’une affection intéressée. Elle avait revu l’homme qu’elle aimait en secret et qui, après s’être évadé avait reparu sous la forme du Chasseur Rouge. Les nuits où elle devait voir son amant, elle endormait M. Mauvin au moyen d’un narcotique. Assoiffé de vengeance, Lucien Ruffieux, avait trouvé la complice qu’il cherchait pour frapper son ennemi. D’accord avec lui, Mlle Levroie résolut d’abord de supprimer — à l’insu de M. Mauvin — les filles de celui-ci, en frappant mystérieusement et sans laisser de trace. Elle tira profit de la terrible légende du château de Sauré et de la triste renommée dont jouissait la fatale Chambre Noire. C’était elle et son amant qui, au moyen d’une arbalète, lançaient l’arme mortelle qui avait failli tuer Judith Mauvin et son fiancé. Frappant dans l’ombre, Mlle Levroie ne pouvait être reconnue ; en outre, elle ne laissait aucune trace sur les lieux du crime. En cas d’alerte, les meurtriers disparaissaient par le passage secret dont nous avons parlé et qui avait une autre issue dissimulée dans les caves du château. On s’explique dès lors pourquoi ces cris de chouette étaient un présage de mauvais augure.

Dans ses expéditions et ses rendez-vous nocturnes, Mlle Levroie prenait pour détourner les soupçons le déguisement de la sorcière du Trou du Diable. La tentative de meurtre contre Judith Mauvin ayant échoué, la misérable, après avoir essayé de terroriser la malade en lui apparaissant aux vitres de la chambre sous une forme horrible, voulut, comme on sait, l’empoisonner.

Son suprême espoir était, comme l’avait présumé Savanne, de faire mourir en fin de compte le châtelain de Sauré et de le remplacer