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Et il s’engagea dans l’étroit couloir qui devait lui assurer la liberté. Mais à ce moment même, un homme surgit de l’ombre du passage secret et repoussa durement M. Mauvin. Puis, l’étranger, un révolver à la main, se croisa les bras.

M. Mauvin rugit :

— Le Chasseur Rouge !…

— Oui, dit l’étranger, le Chasseur Rouge, ou si vous préférez, Lucien Ruffieux, l’ingénieur que vous avez fait condamner injustement…

À ce moment, les policiers mettaient la main au collet du châtelain et s’emparaient de Mlle Levroie.

— Quoi, arrêtés ! s’écria le Chasseur Rouge. Ah ! mon Dieu ! j’avais douté de votre justice… il y a une providence… le châtiment est donc accompli…

Un éclair de joie haineuse passa dans sa prunelle. Puis, brusquement, il se retira, silencieux et tragique.

L’ouverture du passage secret se referma sans bruit.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Quelques jours après, en présence des preuves et des témoignages accablants qui les accusaient, les deux amants avouèrent leurs crimes. Mlle Levroie avait été l’ange mauvais qui avait entraîné Mauvin dans un gouffre de honte. C’était elle qui lui avait conseillé de se débarrasser de son associé et de faire accuser un innocent quelconque, employé ou ouvrier de l’usine. Or, la fatalité voulut précisément que par une étrange coïncidence cet innocent fut l’homme qu’elle aimait en secret, l’ingénieur Lucien Ruffieux, le directeur de l’usine ! Peu après, elle incitait son amant à se défaire de son épouse et elle l’aidait à jeter, dans les oubliettes du château, sa malheureuse victime. Ce fut par un prodigue que celle-ci ne fut point tuée dans sa chute. Elle vécut, comme nous l’avons dit, des aliments que jetaient dans le Trou du Diable les super-