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dant plus de vingt minutes, parmi ces solitudes humides et ténébreuses où les rues affectaient des formes macabres d’êtres torturés ou menaçants.

— Les Démons ont fui, pensa Savanne. Je ne suis pourtant pas un diable bien terrible… »

À ce moment, un grondement sinistre lui parvint.

Savanne s’arrêta, étonné, frémissant.

Le grondement reprit à nouveau, puis se changea en une plainte lugubre et prolongée, en une lamentation qui ressemblait à un long cri d’agonie. Puis ce furent des cris désespérés, des appels, une clameur tantôt sourde, tantôt vibrante…

— Voilà les gémissements mystérieux entendus au château ! pensa Savanne. Voyons d’où ils sortent.

Il se dirigea dans la direction d’où venait le bruit et bientôt, dans les ténèbres, il aperçut une hideuse forme qui se tordait devant lui.

— Qu’est-ce-là ? se demanda-t-il en reculant d’un pas. Est-ce le Dragon gardien du souterrain, un monstre apocalyptique qui se prépare à me dévorer. Bigre ! »

Surmontant sa répulsion, le jeune homme avança, brandissant toujours sa lanterne.

Soudain, l’être mystérieux bougea…, se contorsionna, se tourna vers Savanne, puis soudain se dressa.

Malgré toute son intrépidité, Savanne se sentit frémir. L’être mystérieux s’était, disions-nous, dressé vers lui, mais le jeune homme cherchait vainement à classer ce monstre dans une catégorie d’animaux connus. Il distinguait bien des poils, des cheveux, des yeux brûlants et injectés de sang, çà et là un épiderme fangeux ; mais qu’était-ce bien que cet être difforme et repoussant ?

Et soudain la forme vivante qui se dressait devant lui poussa à nouveau des gémissements :