Page:Cléri - Le Crime de la chambre noire, 1915.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.

au meurtre de ses enfants ? Les annales judiciaires enregistrent parfois — combien rarement ! — de ces crimes contre nature. Contre nature est bien le mot, si l’on songe que l’amour maternel est le plus grand, le plus puissant et le plus unanime de tous les amours puisqu’il se retrouve, intact, immaculé, admirable. à tous les degrés de la création, depuis les insectes jusqu’au règne hominal. Un père peut tuer son fils, un fils son père ou sa mère même, c’est monstrueux, mais c’est possible. Une mère tuer ses enfants, c’est plus que monstrueux, c’est si anormal que c’est quasi impossible.

Ou, quand ce cas extraordinaire se produit, on remarque que la mère criminelle avait une préférence dans son amour et que si elle a tué un de ses enfants, c’était pour en favoriser un autre. Son crime alors, si épouvantable qu’il soit, a encore pour mobile l’amour maternel. C’est l’amour qui reste grand même dans l’horreur. Quel poète a dit que :

L’amour infini d’une mère
Est un reflet de Dieu sur terre.

Pourquoi donc Mme Mauvin, même si elle pouvait être coupable, aurait-elle contribué au meurtre de ses enfants ? Quel eut été le but, le mobile de ce crime incompréhensible ? Nouveau point d’interrogation !

Savanne avait beau chercher, il ne découvrait rien.

Il s’abstenait de se présenter au château après la rencontre inattendue qu’il avait faite, la nuit, dans le parc.

Un matin, son ami Dauriac vint le trouver, très agité. La nuit précédente, il avait veillé sa fiancée.

Or, les bruits mystérieux, les plaintes étouffées dont nous avons déjà parlé, s’étaient fait entendre avec plus d’intensité que jamais. Cette fois, la malade et le jeune homme avaient tous deux cru percevoir des appels