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goisses. Alors ?… alors, il fallait admettre que Mme Mauvin était, elle aussi, une victime que le Chasseur Rouge avait attiré dans ses rêts afin d’en faire, sans doute, une arme inconsciente afin de pénétrer peut-être dans le château.

Savanne se rendait maintenant compte du mal fondé de son accusation, il regrettait sa témérité et vouant y remédier, il dit :

— Madame, excusez mon emportement en considération de l’affection que je porte à votre famille. Vous avez fait appel à ma discrétion. Eh bien ! je vous promets d’effacer à jamais de ma mémoire l’entrevue de cette nuit.

— Merci Monsieur.

Et Mme Mauvin s’inclina en même temps que Savanne. Puis sans un mot, ils se retirèrent, elle vers le château, lui vers l’endroit où était caché Dauriac.

— As-tu vu son visage ? demanda celui-ci dès que son ami l’eut rejoint.

— Oui, répondit brièvement Savanne, mais cette femme m’est inconnue et n’est aucunement mêlée au mystère qui nous occupe…


LE « ? »


Un formidable point d’interrogation restait planté comme un poignard dans le cerveau torturé de Savanne.

Quel était, en réalité, le mystère de la Chambre Noire ? Quel était l’assassin qui lançait le poignard meurtrier et disparaissait sans que l’on retrouvât sa trace ? Quelle était cette ombre fatale que Judith Mauvin et Raymond Dauriac avaient entendue errer dans le corridor avant d’être menacés par une main invisible ? Là était « le point d’interrogation : pivot de tout l’angoissant et horrible mystère de la Chambre Noire ».

Pouvait-on admettre que le Chasseur Rouge se fut introduit dans le château, grâce à la complicité de Mme Mauvin ? Mais alors Mme Mauvin aurait contribué, se répétait Savanne,