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bandit…

Mme Mauvin tendit vers Savanne des bras suppliants :

— De grâce, Monsieur, de grâce ! soyez galant homme ! Vous venez de surprendre un secret…

— Et un secret terrible !..

— Je vous en conjure, écoutez-moi. Celui que vous appelez le Chasseur Rouge est mon amant ! Je vous confie mon secret en faisant appel à votre courtoisie.

— Mais c’est horrible, Madame. Comment vous aviez pour amant un assassin, l’ennemi mortel de votre époux ! C’est donc vous ou c’est lui qui, avec votre complicité, lançait, dans la Chambre Noire, cette arme mystérieuse qui tua déjà une de vos filles, et qui faillit tuer la seconde ainsi que mon ami Raymond Dauriac. C’est donc vous et lui…

Savanne voulut continuer. Mais Mme Mauvin s’était redressée, indignée, l’œil brillant d’une colère contenue. Elle l’arrêta en disant d’une voix énergique :

— Assez, Monsieur. Vous dépassez la limite. C’est une accusation terrible que vous formulez là, c’est une accusation qui demande, qui exige des preuves.

Savanne s’arrêta interloqué. Cette attaque imprévue avait touché le défaut de la cuirasse. Des preuves ?…

En effet, il fallait des preuves ! Et il n’en avait aucune. Qui prouvait en effet que Mme Mauvin eut trempé dans quelque crime ? Et quel crime ! Un attentat contre ses propres enfants ! Oui, Savanne n’y avait tout d’abord pas songé, tant l’exaspération qui avait succédé à l’étonnement avait été grande. C’était invraisemblable. Comment une mère aurait-elle pu contribuer à un meurtre contre ses enfants ? Et dans quel but ? Mieux que quiconque, Savanne savait de quelle tendresse Mme Mauvin entourait sa fille, il avait vu ses craintes, ses an-