— Il est un fait certain, remarqua Dauriac en s’adressant à M. Mauvin, c’est qu’un ennemi invisible et acharné vous menace…
— Je ne me connais pourtant aucun ennemi.
Un instant, Savanne eut l’idée de raconter à M. Mauvin l’entretien qu’il avait eu avec le Chasseur Rouge ; mais l’accusation qu’elle comportait était tellement accablante qu’il se dispensa de la formuler et se décida à attendre.
Et l’on parla d’autre chose… Puis Savanne se retira après avoir fait à Dauriac un signe d’intelligence.
À dix heures, les deux amis se retrouvèrent dans le parc et se confièrent les résultats de leurs recherches.
— Mais, s’écria Dauriac quand Savanne eut terminé son récit, il faut sans tarder faire arrêter le Chasseur Rouge !
— J’y ai songé, répliqua Savanne, bien que cet acte de délation me répugne un peu. Mais, il faut avant tout que nous connaissions la complice du bandit. J’ai jugé l’homme ; il est d’une trempe à toute épreuve. S’il est pris, il se taira.
— Que faire ?
— Ceci. Nous sommes armés. Nous devons surprendre les deux complices cette nuit même.
— Attendons donc.
— C’est ce que je comptais faire.
Les deux amis se cachèrent dans les taillis et attendirent toute la nuit ; mais le Chasseur Rouge et sa complice ne parurent point.
Voyant que sa tactique avait échoué, Savanne, surmonta ses scrupules en songeant qu’un péril constant menaçait des innocents, et il alla faire sa deposition devant le commissaire de police.
Quelques heures après la ferme où Savanne avait été enfermé fut cernée par les policiers qui y établirent une souricière. Personne ne se présenta de toute la journée ; mais le soir, les agents cadrés autour de l’habitation, virent arriver un homme de haute stature portant sous un large manteau un justaucorps d’un drap rouge foncé. C’était le Chasseur Rouge.
Ils le laissèrent entrer dans la ferme ; puis