Page:Cléri - Le Crime de la chambre noire, 1915.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sauré ?

La vieille parut hésiter un instant et répondit :

— Ce n’est là un mystère pour personne : Le Chasseur Rouge est l’âme du dernier baron de Sauré revenue sur terre : cet homme veut reprendre le domaine de ses pères. Il tuera l’un après l’autre les châtelains actuels.

— Légendes que tout cela !…

— Vous ne me croyez pas ?… vous verrez !… Vous verrez. Deux jeunes filles n’ont-elles pas été frappées déjà ? L’une d’elle n’est-elle pas morte ?…

— Et vous aiderez le Chasseur Rouge ?…

La vieille secoua énergiquement la tête : — Jamais, répondit-elle.

— Pourquoi donc lui donnez-vous rendez-vous la nuit, dans le parc de Sauré ?

— Jamais je n’ai donné rendez-vous dans le château de Sauré, je vous le jure.

Un éclair de vérité si intense passa dans les yeux de la vieille Margot, un de ces éclairs dans lesquels l’âme apparaît comme illuminée subitement dans le miroir des yeux, que Savanne lui-même eut l’impression que la sorcière ne mentait pas. Le jeune homme la questionna quelque temps encore, mais il ne put rien savoir davantage. De cet entretien, il conclut que la vieille n’avait point été mêlée aux drames récents, mais qu’elle en savait plus long qu’elle ne voulait ou ne pouvait en dire.

Considérant qu’il ne leur restait plus rien à apprendre, les deux amis donnèrent leur obole et sortirent. Comme ils reprenaient le sentier qui les avait amenés, ils aperçurent l’idiot qui leur cria en chantonnant d’un air suprêmement stupide :

Je suis Casboul
Je suis Maboul
 Aboule
 Casboul
Qu’j’te casse la boule.

— Puisque nous n’en sommes pas éloignés,