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S’entretenir d’un livre et de son auteur, comme s’ils étaient connus de tout le monde, doit paraître singulièrement imprévoyant, lorsqu’on sait que certaines gens ont pu posséder Madame Bovary pendant une vingtaine d’années sans songer à en couper les pages et qu’en des coins de la Haute-Normandie, même à Rouen il en est qui ignorent — non pas les Flaubert médecins — mais leur fils et frère, le littérateur, et son principal roman.

Ce n’est pas pour ces retardataires et ces indifférents, c’est à l’intention de ceux qui s’intéressent à Gustave Flaubert, à ses origines et à celles de son livre, que nous essayons, avec plus ou moins de méthode, de rassembler nombre de renseignements, les uns inédits, les autres à peu près oubliés. Cela suffit, semble-t-il, pour justifier l’utilité et l’opportunité de notre collection, nécessairement écourtée, de remarques et de documents.

Dans les parages ou ont vécu des familles que l’on ne savait point apparentées aux Flaubert et où. l’on a cru retrouver des personnages de son chef-d’œuvre, ont séjourné au XIXe siècle quelques « grandes figures » mêlées à l’histoire locale, et trop facilement « ôtées du soleil de leurs obscurs successeurs ». Nous avons saisi l’occasion de rappeler le souvenir de celles qui furent les plus en évidence.

Notre modeste entreprise, nos recherches, portent en elles-mêmes leur conclusion. Nous n’avons pas à formuler de jugement sur G. Flaubert et sur son œuvre. Les professionnels de la critique eux-mêmes n’en auront de définitifs que dans un avenir indéterminable, c’est-à-dire quand seront connues les variantes inédites d’une première Madame Bovary, peut-être restée tout-à-fait ignorée, comme la première version, publiée après la seconde, de la Tentation de Saint-Antoine et comme la première Education sentimentale.