En juin 48, il tient le haut des pavés ; il flotte, menaçant, sur les barricades construites en un tour de main par les sans-travail et sans-pain réduits à mordre dans les cartouches, dernier coup de dent du désespoir !…
Pendant plusieurs jours, il tient en échec le drapeau des bourgeois qui ont passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel pour se frayer un chemin au pouvoir en pataugeant dans le sang ouvrier.
En 1871, des tas de pavés il s’élance aux tas de moëllons et de pierres de taille, de la place publique au sommet du Panthéon, des carrefours aux tours de Notre-Dame, de la rue au fronton de l’Hôtel-de-ville !
Il chasse devant lui le tricolore qu’on cache piteusement dans son étui et qu’on emporte furtivement à Versailles, en attendant que, pour prendre sa revanche du 18 Mars, on l’arbore à Satory sur le plateau des fusillés.
Ce n’est plus pendant quelques jours, mais pendant plus de deux mois qu’il plane victorieux, non seulement sur Paris, mais sur le monde entier, car on le voit de partout.
Les bourgeois lui ont signé sa feuille de route par les massacres de juin 1848 ; aujourd’hui il est en train de faire son tour du monde.
Et ce n’est pas par fétichisme que nous avons tenu à l’arborer ici. Nous saurions bien nous passer de drapeau si la paix sociale était faite.
Bien plus, nous serions heureux d’avoir à le remplacer par une branche d’olivier !