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leur posa des centaines de questions, on couvrit de notes des rames et des rames de papier, et, enfin, on fit imprimer un questionnaire qu’on distribua aux intéressés.

Ceux-ci avaient à répondre à des milliers de questions secondaires que des législateurs n’ont pas le droit d’ignorer, et qu’il était facile de résumer en une douzaine au plus.

C’est, on peut le dire, le médecin appelant un malade pour lui demander, non seulement la nature du mal dont il souffre, mais encore le remède à employer pour l’en guérir. Dans ce cas, le malade est bien en droit de répondre vertement à l’illustre docteur : « Mais, ah ! ça, que faites-vous donc ici puisque vous en savez moins que moi ? »

Quoique faite, on peut le dire, sous le puissant patronage de M. Clemenceau, alors le chef incontesté du parti radical socialiste, cette enquête qui fit grand bruit et donna lieu à tant de critiques méritées de la part des travailleurs, n’en eut pas moins le sort de ses devancières et nous obligea à porter un avortement de plus au compte des enquêtes et des enquêteurs officiels.

En somme, comment, en général, une commission d’enquête est-elle composée ? D’hommes qui se moquent pas mal du sort de ceux sur lesquels ils sont appelés à enquêter. On se sert de ce petit moyen pour leur donner un semblant de satisfaction, pour leur faire prendre leur mal en patience ; et, s’ils se plaignent, ça permet de leur répondre « Mais attendez donc, vous savez bien qu’on s’occupe de vous… On fait une enquête ! »