soit en exil ; dans le second cas, on n’avait pas à nous infliger un pardon, mais à solliciter le nôtre.
Eh ! quoi, ce sont ceux qui ont mérité la corde, qui ont la prétention de pardonner ceux qui auraient dû les pendre !
Est-ce que l’amnistie, par exemple, a démontré que la capitulation n’avait pas été préparée de longue date, et que nous aurions commis un crime de lèse-patrie, puisque patrie il y a, en nous insurgeant contre les incapables et les traîtres qui avaient livré à la Prusse impériale la France républicaine ?
Est-ce que l’amnistie a prouvé que nous n’étions pas en droit de légitime insurrection contre un ordre social qui assure aux uns tout le bien-être et toutes les jouissances, et condamne les autres à toutes les privations ?
Est-ce que l’amnistie a fait oublier les misères endurées, les humiliations subies, les sacrifices de toutes sortes faits par ceux qui, n’ayant rien à eux dans cette patrie, ne voulaient cependant pas qu’on la trahit, qu’on la vendit, qu’on la mutilât ?
Est-ce que l’amnistie nous a rendu tous ceux, hommes, femmes et enfants qu’on a fusillés et massacrés ?
Est-ce que l’amnistie, par exemple, a ressuscité nos morts ? A-t-elle fait revivre, a-t-elle rendu à leurs familles des milliers de nos camarades enfouis dans les fossés des cimetières par les ordres des amnistieurs ?
Non !… Du reste, l’oubli ne se décrète pas.
Que les bourreaux le demandent, cela se com-