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Évidemment, la Commune n’étant autre qu’un gouvernement révolutionnaire devait déclarer et prouver que tout ce qui n’était pas avec nous était contre nous et, sans autre forme de procès, mettre nos ennemis dans l’impuissance absolue de nuire.

Mais d’une part on redoutait de commettre des erreurs, de frapper des innocents, des amis même ; de l’autre, on craignait qu’un trop grand nombre d’arrestations n’effrayât la population parisienne, nous retirât des sympathies, nous enlevât des adhérents encore hésitants et que le gouvernement de Versailles ne se servit de ce prétexte pour irriter plus encore la province contre Paris ; enfin, disons le mot, on tenait aussi à faire par trop légalement les choses.

Ces précautions ne servirent à rien. Elles n’empêchèrent pas la bande à Thiers de colporter par toute la France qu’on violait, pillait à Paris ; qu’on y emprisonnait et massacrait les gens les plus inoffensifs ; et les vipères et les imposteurs de l’acabit des enquêteurs officiels et des Maxime du Camp n’en prétendirent pas moins dans leurs élucubrations écœurantes que la terreur qui avait régné dans la capitale, pendant les soixante-douze jours de la Commune, avait dépassé de beaucoup les plus affreux jours de 1793.

Quelques-uns de nos collègues étaient atteints d’une fièvre qui se répandit comme une sorte d’épidémie dans la Commune et finit par nous atteindre tous un peu : ce fut la fièvre de l’intégrité, et voire même de la légalité.