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Ceux qui étaient à Paris pendant le siège et après la capitulation, le savent, les ouvriers avaient mis au Mont-de-Piété tous les objets sur lesquels ils avaient pu obtenir quelques sous. Les femmes et les enfants n’avaient plus que les pauvres vêtements qu’ils portaient tous les jours, et les hommes en étaient réduits à leurs habits de garde national.

Pendant la Commune, Dereure et moi, nous avons marié à Montmartre bon nombre de citoyens dont la vareuse de fédéré était l’unique habit de noce. Les braves gens s’en consolaient en disant : À la guerre comme à la guerre ! après tout, ça nous donne un petit air martial qui ne déplaît pas à nos bourgeoises.

Eh bien, dès sa première séance, la Commune, sans discussion, je le reconnais, rend le décret suivant, et les traîne-misère armés jusqu’aux dents s’en contentent :

« LA COMMUNE DE PARIS
» Décrète :

» Article Unique. — La vente des objets déposés au Mont-de-Piété est suspendue.

» Hôtel-de-Ville, 29 mars 1871.

» La Commune de Paris. »

Ce décret, qui n’a cependant rien de bien révolutionnaire, n’en fit pas moins dire aux enquêteurs, opérant pour le compte de Versailles, que la Commune avait voulu donner satisfaction aux appétits brutaux de ses adhérents.