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lève prête à combattre et déterminée à vaincre !

Voilà quel était l’esprit de ce beau décret de la Commune.

En le votant sans discussion et à l’unanimité, les hommes de l’Hôtel-de-Ville disaient aux jeunes gens : La loi qui fait de vous des soldats est une loi inique, elle est contraire aux principes de l’égalité. Vous jouez à la loterie les plus belles années de votre jeunesse ; il suffit d’un bon numéro, tiré au hasard, pour dispenser les uns de tout service, et d’un mauvais numéro pour arracher les autres à leur profession, à leur famille, pour en faire les défenseurs des possédants et des oppresseurs, les soutiens de ceux qui, au nom de l’ordre, du droit de propriété, de la tyrannie du capital, font des trouées abominables dans les rangs du prolétariat.

Ce beau décret répondait aussi aux colères concentrées et aux douleurs muettes des mères de famille qui devraient bien, comme nous, perdre patience et, avec nous, protester et crier que leur prendre leur enfant, c’est leur arracher les entrailles ! que ça n’est pas pour en faire de la chair-à-canon qu’elles l’ont voulu, porté, nourri, élevé ! qu’elles ne l’ont point berce, dorloté, aimé, pour que des butors galonnés le maltraitent et l’abrutissent ! qu’elles ne lui ont point fait apprendre un métier pour qu’on en fasse une machine-à-tuer ! qu’enfin elles ne se sont pas privées de tout pendant vingt ans pour en faire un homme qu’une balle imbécile estourbira en un clin d’œil !

Quant aux patriotes de la bonne chère et des billets de mille, y compris les trente enquêteurs,