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Les mêmes lettres sont appelées aussi élémens[1], parce qu’il existe entre elles une espèce d’incorporation et de graduation. Il y a huit voyelles, savoir a, é, ê, e, i, o, u,  ; on les nomme voyelles parce qu’elles produisent un son d’elles-mêmes sans le secours d’autres lettres. Deux de ces voyelles sont longues, savoir ê, ô ; trois sont brèves, savoir é, o, u, et trois sont de double mesure, savoir u, e, i ; on les appelle ainsi, parce que leur voix est tantôt longue et tantôt brève.

On compte six voyelles prépositives qui sont a, é, é, e, i, o ; on les nomme ainsi, parce qu’étant placées devant i et u, elles forment des syllabes (diphthongues) comme au, ai.

Il y a en outre deux voyelles post-positives qui sont i et u ; mais i se place aussi quelquefois avant la voyelle u, comme dans les mots իմաստութիւն, sagesse ; արդիւն, mérite[2].

On distingue cinq diphtongues propres, savoir : au, eu, ou, ay, oy, et trois diphtongues coactives, savoir : êu, eu, iu.

  1. Les signes alphabétiques, en tant qu’ils sont des traits peints sur le papier ou tout autre corps, s’appellent lettres ; mais si on les considère comme autant de voix ou d’articulations, les mêmes signes sont nommés élémens ou voix élémentaires. Une voix quelconque, quand elle sort de la bouche, ne produit qu’un son ; elle est regardée alors, par les grammairiens, comme une expulsion d’air, une chose immatérielle, une sorte d’esprit ; mais quand ce son est représenté par un signe visible, il s’opère un changement dans sa nature, une espèce de mixtion d’un objet corporel avec une chose qui n’a pas de corps. Il existe aussi, dans les éléments de la voix, une graduation marquée : car il y a des lettres qui se prononcent faiblement, d’autres avec plus ou moins de force ; quelques unes s’expriment par le simple mouvement des lèvres, plusieurs par l’organe du palais ou du gosier ; et c’est pour indiquer ces sortes de nuances, qu’on emploie ici les mots : incorporation, graduation.
  2. Dans ces deux mots, qui s’écrivent en arménien, իմաստութիւն, imasdoutioun (sagesse), արդիւն, arthioun (mérite) ; et dans quantité d’autres semblables, les deux lettres իւ iu ou iou, forment une diphtongue ; et c’est uniquement pour indiquer cette circonstance, que le traducteur arménien a choisi ces deux mots comme étant propres à donner un exemple conforme à la dictée de la règle, et applicables en même temps à la langue arménienne. S’il fallait ici un exemple qui fût en rapport avec le latin et le français, on se servirait des mots Dionysius, Apollonius, etc.