Page:Cirbied - Grammaire de Denys de Thrace, 1830.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
X

métaphysique, en médecine, en histoire, en politique, en littérature, en morale civile en religieuse.

Les sciences en général, quelqu’en fût l’objet, passaient pour sacrées dans tout l’Orient ; le privilège de les enseigner n’appartenait qu’aux seuls ministres de la religion. Les étrangers qui ne connaissaient pas la langue du pays étaient obligés de l’apprendre ; et comme dans toute espèce d’enseignement la tradition orale ne suffit jamais, il dut y avoir, il y eut en effet chez ces peuples anciens, sur tous les arts et par conséquent sur celui d’écrire et de parler, des rudimens, des méthodes, des recueils de préceptes qu’on pouvait consulter et qui rappelaient à la mémoire les leçons que les maîtres avaient données de bouche. Ces recueils auxquels on attachait beaucoup de prix, étaient déposés dans les temples ou dans les palais des rois.

Un usage à-peu-près semblable subsista depuis dans l’Occident, surtout chez les anciens Romains. Les annales authentiques de Rome, (Annales maximi) ne pouvaient être écrites et continuées que par le grand pontife ; elles étaient aussi confiées à sa garde ; et si en Asie ce moyen de conservation n’a pas eu le même succès qu’à Rome, c’est que, dans les grandes révolutions, principalement dans celles qui avaient la religion pour cause, les vainqueurs, par une politique déplorable, s’appliquaient toujours à changer l’ancien ordre des choses : non contents de renverser le culte établi, ils prenaient à tâche d’anéantir tous les livres sans distinction, afin d’effacer jusqu’à la trace des souvenirs du passé, de sorte qu’à chaque époque d’envahissement,