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INTRODUCTION

En parlant des nô, nous ne pouvons nous dispenser de mentionner au moins les kyôgen, comédies ou plutôt farces, qui se jouent sur les mêmes scènes, a titre d’intermède entre deux pièces. De structure très simple, elles ne font guère appel qu’au comique extérieur. Leur jovialité facétieuse repose de la solennité des nô. Nées de la franche gaieté du peuple, elles ont gardé l’accent de son rire et la forme de son ironie. Elles semblent souvent, vis-à-vis des seigneurs, des religieux, des croyances mêmes, une sorte de revanche du respect et de la vénération qu’expriment les nô : le daimyô y est bafoué par son serviteur, le bonze y a des mésaventures; un joyeux drille y abuse du nom, parfois des ornements et de l’autel même d’une divinité pour jouer les fidèles crédules.

Nous nous proposons dans les pages qui suivent, laissant de côté pour le moment la question complexe et encore imparfaitement élucidée de la formation historique du nô, de l’étudier dans sa forme complète et son état de perfection, forme et état auxquels il atteignit dans les dernières années du xive siècle, et qui ne varièrent qu’assez peu au cours du xve, et plus du tout ensuite.


II. — DÉFINITION DU MOT NÔ.


Tout d’abord qu’entend-on par nô, et que signifie ce mot ? L’originalité même de cette forme fait que nous manquons d’un terme adéquat pour la définir. L’expression la plus approchée serait sans doute celle de « drame lyrique », à la condition d’entendre le mot drame sim-