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Mars et ses canaux, ses conditions de vie. — Le professeur Marcel Moye, de l’Université de Montpellier, si connu dans le monde astronomique français par ses nombreux travaux, vient de publier une traduction du dernier ouvrage de l’astronome Percival Lowell, sur Mars, paru en langue anglaise en 1906. On sait la situation prépondérante qu’a prise le directeur de l’Observatoire de Flagstaff, Arizona (États-Unis) dans l’étude de la planète Mars et les acquits si importants qu’on lui doit. On sait aussi que le savant astronome a déduit, en grande partie de son propre labeur, une conviction raisonnée de la présence sur notre voisine d’êtres raisonnables, auxquels il attribue la construction de ces fameux canaux qui ont tant excité la sagacité et la curiosité des astronomes. L’ouvrage auquel nous faisons allusion est l’histoire attachante et sous une forme littéraire, populaire et pleine d’humour des bases scientifiques de la conception de Percival Lowell. Il est divisé en trois parties : la première est consacrée aux « configurations naturelles » que le télescope permet d’étudier à la surface de la planète, et tout d’abord des taches blanches polaires, de leur développement progressif, de leur disparition, etc. La seconde et la troisième sont consacrées aux « configurations non naturelles » et étudient les canaux, leur duplication, dont on possède actuellement la preuve photographique, les oasis etc. et enfin la dernière partie expose les vues de l’auteur, basées sur les acquits précédents. Toute l’œuvre est, on l’a dit dès son apparition, de la lecture la plus attachante, mais ce que nous pouvons ajouter, c’est que le professeur Moye a su lui conserver pour le lecteur de langue française, tout son charme si spécial et si personnel. Nous avons, il y a quelque temps, dans une note un peu étendue, mis le lecteur au courant des récentes découvertes marsiennes. Nous y reviendrons encore prochainement.

E. L.


Croisière arctique de la « Belgica ». — La Belgica vient de rallier le port de Tromsoe, le mercredi 1er septembre. On sait que, après l’expédition antarctique de de Gerlache, qui a inscrit le nom de ce navire dans l’histoire des sciences géographiques, celui-ci est devenu la propriété du duc d’Orléans. On sait aussi que, sous la conduite de son ancien commandant et portant à son bord le duc d’Orléans, la Belgica a continué à se montrer digne de son passé par ses croisières arctiques. En 1905, notamment, elle avait reculé de deux degrés vers le Nord les bornes de nos connaissances géographiques le long de la côte orientale du Groenland. Les dépêches nous apprennent que, partie le 21 juin de Jean Mayen, la Belgica, après être remontée au Nord, a pu effectuer de l’Ouest à l’Est, dans la banquise, remarquablement ouverte cette année, un trajet suivant le 78e parallèle, jusque dans les parages du Spitzberg où elle est parvenue le 23 juillet à Green-Harbour. Elle a effectué une ligne de sondages qui ont déterminé la limite du plateau groenlandais et confirmé l’existence d’une mer profonde entre le Groenland et le Spitzberg.

C’est là une confirmation précieuse d’un récent acquit géophysique des dernières expéditions.

E. L.