Page:Cicéron - Des suprêmes biens et des suprêmes maux, traduction Guyau, 1875.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée

Enfin, le troisième sentiment de quelques-uns des nôtres sur l’amitié, est qu’il se forme entre les sages une sorte de pacte qui les engage à n’aimer pas moins leurs amis qu’eux-mêmes ; ce que nous comprenons aisément, puisqu’il est facile de se convaincre, par de nombreux exemples, qu’au fond rien n’est plus propre à rendre la vie agréable qu’une parfaite liaison d’amitié.

Par tant de raisons, on peut juger que, bien loin de détruire l’amitié en mettant le souverain bien dans la volupté, il serait même impossible, sans cela, d’établir aucune liaison d’amitié entre les hommes.


CHAPITRE XXI.

Conclusion.

Si les principes que je viens de développer sont plus clairs et plus lumineux que le soleil même ; s’ils sont puisés à la source de la nature ; s’ils sont confirmés par le témoignage infaillible des sens ; si les enfants, si les bêtes mêmes, dont le jugement ne peut être corrompu ni altéré, nous crient, par la voix de la nature, que rien ne peut rendre heureux que la volupté, et que rien ne peut rendre malheureux que la douleur, quelles actions de grâces ne devons-nous pas à celui qui, sensible à cette voix, a si bien entendu et pénétré tout ce qu’elle veut dire, qu’il a mis tous les sages dans le chemin d’une vie heureuse et tranquille ? Si même Épicure vous paraît peu savant, c’est qu’il a cru qu’il n’y avait de science utile que celle qui apprend à pouvoir vivre heureusement.

Aurait-il voulu employer le temps comme nous avons fa