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Il y a d’autres épicuriens qui, craignant trop vos reproches, et appréhendant que ce ne soit porter atteinte à l’amitié, de dire qu’elle n’est à rechercher qu’à cause de la volupté, font une distinction ingénieuse. Ils demeurent bien d’accord que c’est la volupté qui fait les premières liaisons de l’amitié : mais, disent-ils, quand l’usage les a rendues plus étroites et plus intimes, l’amitié seule agit et se fait sentir ; alors, indépendamment de toute sorte d’utilité, on chérit ses amis uniquement pour eux-mêmes. En effet, si les maisons, les temples, les villes, les lieux d’exercices, la campagne, les chiens, les chevaux, les divertissements, vous deviennent chers par l’habitude qu’on prend de s’exercer ou de chasser, combien plus facilement et plus justement l’habitude produira-t-elle le même effet à l’égard des hommes !