Page:Cicéron - Des suprêmes biens et des suprêmes maux, traduction Guyau, 1875.djvu/71

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et si, de plus, elle a formé quelque entreprise, l’eût-elle accomplie secrètement, elle ne peut prendre confiance et croire que la chose restera toujours secrète. Le méchant ne peut cacher ses actions : le soupçon, l’opinion publique, la renommée les poursuit ; vient ensuite l’accusateur, le juge ; plusieurs enfin, comme sous votre consulat, se dénoncent eux-mêmes.

S’il y a des hommes assez puissants pour être en état de ne point craindre le châtiment des lois, ils ne laissent pas pour cela d’avoir peur des dieux ; et les soins qui les dévorent, les inquiétudes qui les déchirent nuit et jour, ils les regardent comme un supplice que les dieux immortels leur envoient.

Ce qu’on pourrait donc retirer d’utilité ou de plaisir d’une mauvaise action, peut-il diminuer autant les maux et les peines de la vie, que la mauvaise action les augmente, soit par les reproches qu’on s’en fait, soit par la punition des lois qu’on appréhende, soit par la haine publique qu’on s’attire ? Il est vrai qu’il y a des gens qui, au comble des biens, des honneurs et des dignités, environnés de plaisirs, loin de pouvoir assouvir leurs cupidités par une voie injuste, les sentent au contraire s’allumer davantage tous les jours ; mais